jeudi 9 janvier 2014, par Faustin Mezui M’okane. Rappelons que la figure de l’orphelin n’est pas nouvelle dans la littérature africaine. « Les formes dures du récit : les enjeux d’un combat », Notre Librairie, 2002. Il s’agit en effet, dans un premier temps de la présence de l’histoire dans le roman, laquelle présence est saisie comme un effet de fiction qui s’inscrit dans l’intrigue. La déshumanisation insoutenable qui passe par l’animalisation ou la chosification consiste à enlever toute forme d’humanité à la personne dont on veut supprimer la vie. C’est-à-dire une horreur impensable, incroyable, indicible. La mort de Sarah lui vaudra, comme à d’autres, une oraison funèbre avant sa mise en terre. Sacrifice vaniteux, l’enfant est devenu dans les guerres africaines presque comme un véritable engin de la mort. Un être profondément bouleversé et sérieusement ulcéré qui a une revanche à prendre sur la vie et les conditions qu’elle offre. C’est conformément à cette déshumanisation de l’être que Léon Riegel (1978 : 325) écrit : L’Afrique serait-elle devenue un terreau fertile où se développe une certaine « culture de la violence » (P. Nkashama 2003 : 33), celle-là même qui fait naître comme un urgent besoin d’écrire, de traiter de la matière du tragique ? Heureusement, Birahima survivra à cette jungle infernale et acquerra les quatre dictionnaires qui lui permettent d’expliquer les gros mots. <> Typologie de l’écriture sanguine en Afrique », Etudes littéraires, Vol 31, n°1, 2003. dans son article - intervention sur « l’historique de la poésie antillaise ». %���� Expose sur La litterature negro-africaine ecrite:la negritude et avec le plan detaille Exposé sur une nouvelle - 1 message. Dans une seconde phase, il s’agit du retour de l’histoire à elle-même. 37 Full PDFs related to this paper. Son corps servira de festin aux fourmies magnas et aux vautours (A. Kourouma 2000 : 93). Le regard du juge permet de survoler, d’analyser, de décrire les réalités pour mieux présenter le chaos régnant. Face à ce monde délirant, le romancier a recours aux forces du langage. Et le narrateur pose une question dont la réponse est sans embûche : « Nous avons laissé Kik aux humains du village alors que Sarah avait été abandonné aux animaux sauvages, aux insectes. To learn more, view our, 1- « La quête d’individualité dans Fragments d’Ayi Kwei Armah: fonctionnalité et soupçon idéologique », Les Représentations Féminines dans l'Oeuvre de Calixthe Beyala, Violence et spoliation dans Weep not, Child de Ngugi wa Thiong’o, Les Stratégies Narratives dans l'Oeuvre de Calixthe Beyala. Face à la folie meurtrière, il ne trouve pas les mots adéquats pour expliquer les raisons de la guerre civile : En réalité, le besoin de devenir enfant-soldat est mû par la déstructuration des repères familiaux. Dans tous les cas, l’usurpateur, se pare de l’auréole de sacralité en s’adjoignant à la famille royale à travers son mariage avec l’une des filles du souverain. » (ibidem : 73) L’écriture d’Ahmadou Kourouma est, du reste, redevable à l’oralité, puisqu’elle utilise certaines catégories de la littérature orale pour s’exprimer, notamment le conte, le donsomana [5], la légende, la devinette, l’épopée et le proverbe. La littérature du désenchantement L’avènement des indépendances va engendrer dans la littérature africaine une nouvelle orientation, en changeant sa thématique ainsi que sa structure formelle. ��w��'��#j2_N;x %K� Elle se dessine en bonne place parmi les personnages qui peuplent l’imaginaire des contes africains. La résurgence des guerres tribales interpelle la conscience de l’écrivain. Cela est d’autant plus juste que tous les interdits sont piétinés par le pouvoir colonial sans que l’on constate la moindre rétorsion de la part des génies et des mânes des ancêtres. La conception de la magie qui se dégage de ce roman, ressemble beaucoup à celle de Marcel Mauss qui opposait jadis religion et magie afin de montrer que la première était toujours perçue comme étant une juste appréhension de l’au-delà et du sacré, tandis que l’autre est vue comme une pratique marginale et socialement inadmissible : « Le rite magique est […] toujours considéré comme irrégulier, anormal et, tout au moins, peu estimable. Academia.edu uses cookies to personalize content, tailor ads and improve the user experience. Enfin, la littérature arabo-berbère connaît un renouvellement dans les thèmes et dans les formes (en ce qui concerne surtout la politisation de l’écriture), bien que, dans les premiers temps après l’indépendance, elle ait connu une période de stagnation. » La vénération des fétiches est pure niaiserie : l’esprit chancelle devant un matérialisme et un anthropomorphisme aussi épais. De ce fait, la production littéraire de cette génération se reconnaît par : «  la dénonciation des injustices, des inégalités, de la démagogie, de la tyrannie, du gaspillage,... et de bien d’autres fléaux  » (Ndachi Tagne D. 1986 : 194) qui sont l’apanage de la classe au pouvoir. Pour les besoins du cours, la catégorisation de la littérature africaine sera faite et l’on tentera de bien faire ressortir les différentes périodes charnières dans la constitution de ce qu’il convient de nos jours d’appeler « la littérature africaine ». 1. 4 0 obj Le morphème « ça » est bien la forme impersonnelle de la tragédie. Les écrivains africains ont ainsi retranscrit, dans leurs œuvres, l’absurdité de la guerre civile. " Après En attendant le vote des bêtes sauvages (Livre Inter 1999), satire des dictatures africaines, Ahmadou Kourouma nous livre un récit picaresque et drolatique - et d'autant plus terrifiant - sur une époque de massacres dont les ... » (p. 99) La violence et la cruauté ne sont pas des perversions de l’humain, elles en sont le « substrat cosmique » (X. Garnier 2006 : 99). Le cas de Sarah est patent, car elle représente la figure par excellence de l’enfance tragique. Il s’agit pour ce dernier de dire l’injustice et l’oppression qui fondent les sociétés africaines post-coloniales où les hommes ont perdu le sens des vraies valeurs comme dans le cas de la Côte-d’Ivoire en guerre : l’ampleur dans la littérature des indépendances. En effet, les phantasmes qui lui fragilisent le cœur dans l’aire carcérale de Front-Stalag 230 déclenchent chez le poète sénégalais un besoin de revivre l’expérience heureuse de son enfance où trônait la mère : « je ne suis plus que ton enfant endolori, et il se tourne et retourne/ sur ses flancs douloureux. Le picaresque au travers du roman africain : « Chemin d’Europe » par Ferdinand Oyono (1960). La littérature africaine francophone est le produit de la rencontre coloniale franco-africaine. En littérature africaine, le désenchantement renvoie à la période douloureuse qui a succédé aux espoirs suscités par les indépendances. La figure de l’enfant-soldat est empreint d’un double paradoxe dans Allah n’est pas obligé tout comme dans Quand on refuse on dit non. La guerre civile veut que des hommes « meurent comme des mouches » (A. Kourouma 2000 : 50) et soient laissés à leur triste sort. » (L. S. Senghor 1948 : 159). Ainsi que le souligne Bernard Mouralis (2002 : 12), la littérature « négro-africaine prend naissance à partir du moment où, parallèlement au souci de défendre la culture africaine, elle se propose comme objectif la représentation de la violence subie par ces peuples ». Si, du fait de la mort de sa mère, Birahima se retrouve plongé dans la folie meurtrière, Sarah, une de ses compagnes de guerre fait également partie de la cohorte de corps expéditionnaires engagés malgré eux dans la guerre, tribalo-civile au Liberia. Finalement, la laideur du monde ambiant impose ses formes à la littérature. Dans la littérature africaine, il va sans dire que le sens ou le message de l'auteur est étroitement lié au moyen employé afin de faire parvenir ledit sens. CARRE (N), « La Guerre et les petits dans Sozaboy de Ken Saro-Wiwa et Allah n’est pas obligé d’Ahmadou Kourouma », Études littéraires africaines, n° 13, 2002. La guerre a tué toute humanité, à tel enseigne que les bêtes sauvages deviennent plus sentimentalistes que les guerriers. Dès lors que « tout est cadeau », le réel devient un immense terrain de cueillette généralisée : vivre c’est prélever. Au front comme ailleurs, l’enfant est apprécié pour ses instincts meurtriers et son zèle anthropophagique. Nous ne devons pas être loin de la ville de Monoko Zohi. L’histoire des littératures africaines depuis l’indépendance en 1960 d’une majorité de pays africains colonisés, est marquée par le thème du chaos avec cependant des différences notables. Dans ce monde, la rationalité est fréquemment contrariée et contredite par l’animalité. Trouvé à l'intérieurTravail d'étude de l'année 2012 dans le domaine Lettres - Afrique, cours: Language and Literature, langue: Français, résumé Cet article examine le thème du pessimisme comme une perspective dominante dans Les Soleils des Indépendances ... La littérature négro-africaine écrite naît entre 1930 et 1940, à la suite des premiers mouvements d’émancipation négro-américains et africains, avec l’éclosion de revues spécifiques. Monnè, outrages et défis, Paris, Seuil, 1990. Scandale permanent, l’enfant terrible étonne par son amoralité radicale au point qu’il force la réflexion à aller au-delà des topiques. Fortunately, Birahima will survive to that unbearable (infernal) jungle and will acquire the four dictionaries which allow him to explain the difficult words. Quand on dit qu’il y a une guerre tribale dans un pays ça signifie que les bandits de grand chemin se sont partagé le pays. dans la littérature africaine Justin K. Bisanswa*, Chaire de recherche du Canada en littératures africaines et francophonie, Université Laval Cet article se propose de montrer comment la relation des écri-vains africains à l’exil est, à bien des égards, ambiguë et fantasma-tique. Les enfants, poussés dans cet engrenage, apprennent à « égorger » l’adversaire, quoi de plus normal « c’est la guerre civile qui veut ça » (A. Kourouma 2000 : 53). C’est dire que la dégradation a atteint un seuil critique. L’étude de « l’écriture » des romanciers négro-africains depuis l’indépendance, revêt un caractère d’autant plus important qu’elle apparaît comme un indice fondamental de la strate sociopolitique à laquelle appartient l’auteur. Les croyances sont l’effet d’une insondable sottise, qui se détourne des évidences du bon sens et des premiers principes de la raison. Dans un premier temps, l’analyse s’attachera à caractériser la thématique de la violence, telle qu’elle se trouve imposée à un enfant, Birahima, pour qui l’inhumanité et l’injustice feront désormais partie de l’apprentissage. By using our site, you agree to our collection of information through the use of cookies. EMANE (L), « Sans père mais non sans espoir : figure de l’orphelin dans les écritures de la guerre », Notre Librairie, n°148, 2002. Ahmadou Kourouma en présentant dans Allah n’est pas oblige et Quand on refuse on dit non, une figure enfantine qui parvient à survivre et ce, malgré son déséquilibre psychologique, dans un monde chaotique, tente de redonner l’espoir à l’enfance. Il écrit à cet effet : « Lorsque la guerre se met au service du sacrifice, lorsqu’un peuple décide de s’approprier la vie des autres pour nourrir inlassablement les dieux, le système religieux se perd dans la démence  ». Souvent, la violence dans le monde animal est motivée par certaines raisons et notamment la défense du territoire ou la recherche de nourriture. À défaut de construire des barrières avec des poteaux et des barbelés, on recueille simplement les têtes traînant le long des rues. Le regain du thème de la guerre a fait dire au romancier que « l’enfant-soldat est la figure la plus célèbre du vingtième siècle (A. Kourouma 2000 : 93) ». Download Full PDF Package. Les nombreuses raisons avancées par les charlatans constituent un prétexte pour justifier leur déboire. Léopold Sédar Senghor nous en donne l’exemple dans son poème Ndessé. Dotés du pouvoir des armes, ces enfants modifient les règles du jeu : de victimes, ils deviennent bourreaux et prouvent leur « monstruosité » (F. Lamy 2002 : 38) en exécutant parents, amis, voisins, professeurs et compatriotes. CHEVRIER (J), L’Arbre à palabres. Systèmes d’interactions dans l’écriture, Paris, L’Harmattan, 1996. Appliqué à des personnes, le monosyllabique « ça » peut connoter une certaine affectivité, non sans ironie. dans une société mondialisée où les différences se diluent sans cesse. Etrange oxymore qui fait d’un criminel un homme et qui présente le meurtre comme étant le sommet auquel doit tendre l’existence humaine. La destruction du tissu familial est l’un des facteurs identifié par le romancier comme cause jetant les enfants dans la rue, où viennent puiser les chefs de guerre et finissent par mourir. A la « passion » succède une période de désillusion. On lui apprend à maîtriser toutes les tendances susceptibles de nuire au bon fonctionnement de la société. Quand la guerre a éclaté, cinq religieuses furent lâchement massacrées, l’obligeant ainsi à se prostituer dans les rues de Monrovia avant de devenir enfant-soldat et de mourir dans des conditions on ne peut plus tragiques. Tous les espaces sont clôturés par des « crânes humains hissés sur des pieux » (A. Kourouma : 15, 64). Les prédateurs qui se sont installés au pouvoir à l’époque coloniale ont transformé le continent en un champ de lutte permanente. Ils ont été prolongés par une large fresque historique de cette littérature et de ses péripéties, depuis 1960 à nos jours. NOUVELLE EDITION MISE AJOUR %PDF-1.5 [3] . Désormais, le pouvoir de tuer, n’est plus l’apanage exclusif des autocrates. Les chiens du génocide rwandais », Notre Librairie, n° 148, 2002. A. Tcheuyap en est convaincu car il note : « les romans africains font de la violence une expérience humaine parfois fatale. Le Jeu de Paume dédie à Nathalie Magnan l’exposition virtuelle « À propos du Chthulucene et de ses espèce (...), © la revue des ressources : Sauf mention particulière |, Après les Rosenberg / Legacy of the Rosenbergs, Herta Müller, Prix Nobel de littérature 2009, La Connexion française et internationale de 1968, Du discours politique au discours mortifère chez Ahmadou Kourouma et Boubacar Boris Diop, Les écritures de la déshumanisation chez Ahmadou KOUROUMA, Promenades naïves dans un carré poétique congolais, Un thrène pour une journée noire. Un roman culte et saisissant qui constitue pour moi l’un des meilleurs livres de littérature africaine de tous les temps. Cette œuvre, on la doit à Mariama Bâ. Née à Dakar en 1929, Mariama est confrontée très tôt aux réalités de la vie. Elle perd sa mère alors qu’elle est encore enfant et est alors envoyée chez sa grand mère. Il était soucieux et il a dit qu’un lièvre au milieu de la piste était très mauvais, trop mauvais augure (A. Kourouma 2000 : 47). NDACHI TAGNE (D), Roman et réalités camerounaises, 1960-1985, Paris, L’Harmattan, 1986. L’indépendance du Congo vue par Aimé Césaire et Tchicaya U tamsi. EBOUSSI (F), Christianisme sans fétiches, Paris, Présence Africaine, 1981. D’où l’observation judicieuse de ce sociologue camerounais : Le rapport à la notion de temps présente des enjeux multiples dans les littératures africaines : enjeux identitaires, de rapport à l’Histoire, de vision du monde, de perspectives d’avenir. Un Dioula a voulu nous conduire à un charnier qu’on venait de découvrir le même jour. Histoire littéraire et littératures africaines . Mais à peine ces anciens territoires français libres, la vision unitaire, nationaliste et panafricaniste de la culture nègre, symbolisée par le mouvement de la Négritude, allait voler en éclats en raison de la balkanisation du continent africain et des violents affrontements idéologiques dont il devient la scène. Tiecoura a crié de nombreux gros bissimilaï et a prié longtemps avec des sourates et beaucoup de prières de féticheur cafre. Il s’agit dans le cadre de cet article de stigmatiser le comportement des chefs de guerre qui manipulent des êtres naïfs pour en faire de véritables armes de destruction. Mon message. Un espoir existe tout de même, car Birahima survit dans cette jungle et acquiert quatre dictionnaires. Condamné à mort, il devient un homme après avoir commis des actes ignobles. Par crainte d’être battue, elle s’improvisa mendiante dans l’espoir d’avoir le versement de sa journée. Contrairement à certains auteurs, pour qui la modernité annonce des conflits de plus en plus anarchiques dont la seule finalité serait d’assouvir un besoin viscéral de tuer, l’écrivain ivoirien, étudie davantage les mécanismes qui sous-tendent cette transformation, instruments qui entraînent non seulement des adultes, mais aussi des enfants à s’enfoncer, comme il l’écrit lui-même, « dans le Liberia foutu de la guerre tribale » (A. Kourouma 2000 : 99). Le détour par la fiction, l’hyperbole, et 1’imagination la plus débridée ont pour fonction esthétique de faire percevoir au lecteur la profondeur des souffrances vécues par les personnages. Cette accoutumance à une triste réalité est effroyable. De Fama, le prince déchu dans Les Soleils des indépendances, jusqu’à Koyaga le dictateur de la République des Monts, véritable tortionnaire de son peuple dans En attendant le vote des bêtes sauvages, jusqu’à ses deux derniers textes, la violence s’inscrit au fondement de la nouvelle société issue des indépendances. Nous étions impatients de combattre. En effet, Jacques Chevrier retrace les différentes étapes du roman africain sous les catégories de roman de la contestation, de roman historique, de roman de la formation, de roman de l’angoisse et de roman du désenchantement [1] sans évoquer des romancières africaines car selon lui, en 1984, « peut-être est-il trop tôt pour parler d’écriture féminine ». Erigé en « Enfant Terrible » (J. Chevrier 1986 : 55), il est poussé par une furia aveugle qui ne connaît plus aucune réserve et, renverse un à un les piliers vénérables de la tradition. Malgré la douleur de l’univers carcéral, seuls les souvenirs de l’enfance lui donnent une trêve où l’imposante présence de la mère devient la piste vers la reconstitution de l’espace curatif ancestral. Distillant leurre et espoir, Le Ventre de l'Atlantique charrie entre l'Europe et l'Afrique des destins contrastés, saisis dans le tourbillon des sentiments contraires, suscités par l'irrésistible appel de l'Ailleurs. Ils pensent ainsi affronter tous les dangers sans risque de mourir. (A. Kourouma 2000 : 119-120) « L’écriture de Kourouma tire sa tension de son implication dans “ce qui arrive” à l’Afrique. La littérature s’est ainsi penchée, après la décolonisation, sur les guerres civiles et insurrectionnelles, où s’affrontent des populations d’un même territoire pour la prise de pouvoir politique. Il devient un besoin, un moyen d’expression et une autre façon de se faire valoir même si on a tout perdu. Une image saisissante qui en dit long sur l’importance de l’événement et les attentes espérées. Ils se sont partagé la richesse, ils se sont partagé tout et tout et le monde entier les laisse faire. (A. Kourouma 2004 : 76-77) Lorsqu’on évoque les grands noms de la littérature Africaine, il est souvent question d’hommes : Leopold Sedar Senghor, Chinua Achebe, Ahmadou Kourouma, Amadou Hampaté Ba, etc. Birahima n’a plus aucune maîtrise de son destin, du moins après la mort du seul être qui pouvait l’aider à entrevoir l’avenir avec sérénité et également comprendre la dialectique des choses du monde. Bande annonce Trait de vie from Grenier d'images on Vimeo. Le désenchantement littéraire. Les romans clés de la littérature africaine : de la période coloniale à nos jours Le deuxième axe de propositions didactiques concerne le roman qui se taille la part du lion dans la production littéraire africaine en langue française. La littérature africaine et sa langue 1. Dans l’histoire des littératures africaines d’expression française, dont on peut dire qu’elles sont véritablement nées dans les années cinquante, et ce essentiellement dans une volonté de donner à voir au monde toute la richesse des civilisations noires, en. s'inscrivaient dans le vaste ensemble de la littérature «négro-africaine d’expression française», qui incluait sous une bannière commune toute la production des sujets des colonies françaises: Martinique, Guadeloupe, Haïti, Afrique de l’Ouest et du Centre, Maghreb, Réunion, Madagascar. C’est une fonction, une intentionnalité, une « forme » qui traduit la destination sociale de l’oeuvre. Etsè AWITOR. Il devient alors urgent de renouveler les effectifs, de resserrer les rangs, de faire appel aux enfants, très malléables. Elles sont donc sans limites. Salué aussi bien par Edward Saïd que par Toni Morrison ou J. M. Coetzee, Homi K. Bhabha est l'un des théoriciens les plus importants et les plus influents du postcolonialisme. endobj Cet apprentissage ne doit comporter aucune coloration de sadisme ou de masochisme. Essai sur les contes et récits traditionnels d’Afrique, Paris, Hatier, 1986. Au fur et à mesure que se sont affirmées, après la . The novelist puts up-to date the child-soldier in his two last novels to show how foolish the war is. Malgré ce nuage d’infortunes qui annonce le grand péril, le jeune homme avance serein, conforté dans sa conviction que l’âme défunte de sa mère veille sur lui. Le voyage commence à l’aube après un rituel purificatoire du charlatan pour conjurer le sort et protéger les deux voyageurs de tout malheur. BARTHES (R), Le Degré zéro de l’écriture, Paris, Seuil, 1972. La description de l’univers post-colonial africain s’identifie à une gigantesque reconstitution d’une scène de crime, pour reprendre une image policière, au cours de laquelle les juges (les griots narrateurs) retracent le parcours lugubre des « maîtres en dictature »donc le sanguinaire de la République du Golfe Koyaga, Président-dictateur de En attendant le vote des bêtes sauvages est la figure de proue. Découvrez les E-books du rayon Littérature africaine sur Decitre.fr. La clef pour un avenir affectif équilibré passe par une « bonne enfance » où les énergies psychiques désorganisées subissent un réalignement adapté aux idéaux de la société. La mise en pratique d’une telle politique impose le mensonge comme méthode. La famille constitue un noyau important du groupe. Étude comparative : les enfants-soldats de Sierra Leone et du Liberia - Les enfants de l’Intifada en Palestine », Mémoire de D.E.A, Université Montesquieu Bordeaux IV, 2002. Le cinquième roman d'Aminata Sow Fall, Le Jujubier du patriarche, nous plonge dans la complexe mémoire africaine, tissée autour d'un chat, le chant qui célèbre les lignées des héros antiques, des bâtisseurs et des grands guerriers. Ainsi donc, « la sacralité intervient pour légitimer le pouvoir qui s’est crée par la force » (Ibid, 10) : le sacré a une fonction de légitimation du pouvoir. BORGOMANO (M), Ahmadou Kourouma : « Le Guerrier griot », Paris, L’Harmattan, 1998. 1 0 obj On n’a même plus l’occasion de donner, dès lors que prendre devient la règle universelle » (Ibid, 163). MBANGA (A), Les Procédés de création dans l’œuvre de Sony Labou Tansi. Au-delà de la fable politique, Ahmadou Kourouma restitue comme nul autre toute la profondeur de la vie africaine, mêlant le quotidien et le mythe dans une langue réinventée au plus près de la condition humaine. Avec ses romans, il éclaire toute l’histoire de l’Afrique sahélienne, en inversant aussi bien le regard que la temporalité. Dès les années 66-68, on assiste à la mise en scène du déclin des pouvoirs africains au théâtre et dans le roman. Il apporte la confirmation du choix fait par certains auteurs, à l’instar des négro-africains tel qu’Ahmadou Kourouma, d’opérer sur la réalité quotidienne de l’existence. Pendant longtemps, en effet, les écrivains africains et « négro-africains » ont mis l’accent sur le référentiel et l’importance de dénoncer, au nom de leur peuple, les souffrances vécues. " Au-delà du récit autobiographique d'un jeune écrivain de vingt-cinq ans, L'enfant noir nous restitue, dans toute sa vérité, la vie quotidienne, les traditions et les coutumes de tout un peuple. Ce retour au sens originel de l’histoire et la récupération qui en est faite rendent mieux l’« effet de réalité ». Or dans Allah n’est pas obligé et Quand on refuse on dit non, les bases pour une bonne socialisation sont détruites. (F. Eboussi 1981 : 37-38) Université Paris-Est; Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Tamsir Niane (D), Soundjata Keïta ou l’épopée mandigue, Paris, Présence Africaine, 1960. Mais alors, pour quelle raison l’écrivain s’appesantit-il sur la violence et quelles sont les motivations qui le conduisent à faire des enfants l’épicentre de ses textes ? Alors qu’au début du récit, lorsque Birahima s’attarde sur son enfance à Togobala, l’on retrouve des figures de responsabilité parentale (la grand-mère, le guérisseur et beau-père Balla, le conseil des sages du village), l’enfant est confronté, au fur et à mesure qu’il s’éloigne de son village, à un vide de l’autorité parentale, ou de toute autre instance susceptible de le guider moralement. Mais qu’en est-il des femmes ? SONY LABOU (T), La Vie et demie, Paris, Seuil, 1979. Ce roman se termine sur une « pseudo prophétie » (M. Borgomano 1998 : 178), qui en constitue la dernière phrase. L’écrivain ivoirien identifie l’origine « mal » dans la destruction du tissu familial. En attendant le vote des bêtes sauvages, 1998. Un des points sur lesquels Ahmadou Kourouma insiste le plus est qu’enfant devient rarement soldat par plaisir, mais surtout par nécessité. MARDI 5 DÉCEMBRE À PARIS Différente de la langue qui est un matériau légué par l’histoire et le style qui est l’extériorisation de la subjectivité de l’auteur, l’écriture est « liée aux grandes crises de l’histoire », c’est la « morale de la forme ». Ce sont des sobriquets qu’ils ont mérités après avoir démontré leur bravoure, leur témérité ou leur hargne. }t$���N!L� 0��E�]M�w�kK�G��«�x�*�X��-�K�B��H*��. Véritable arme de destruction massive, Birahima est, comme la plupart des enfants engagés dans cette guerre qu’ils n’ont pas engendrée, le premier distributeur de l’horreur. Ce pouvoir ne requiert aucune forme de légitimité : « sa seule légitimation est celle de la force brute » (M. Borgomano 2000 : 140). L’histoire retrouve donc tout ce qui la fonde en vérité des mémoires collectives. Université de Bourgogne. Énonciation et dénonciation du pouvoir dans quelques romans négro-africains d’après les indépendances. La mort de sa mère s’avère donc être un repère psychologique fondamental dans l’architecture de son foyer émotionnel. En fait, la situation décrite dans le roman est celle d’une société anomique où l’étrange, le chaos et la sorcellerie ont pris le dessus sur tout système politique et religieux institué et établi selon des règles précises. En premier lieu, il commence par détruire l’héritage paternel ; puis il commet une série d’actes répréhensibles qui apparaissent marqués du sceau de la plus totale absurdité. Ainsi, les thématiques de la tradition et de la satire coloniale cèdent la place à la dénonciation de l’imposture post-coloniale et de son cortège de malheurs qu’énumérait Kourouma à la fin de son deuxième livre. Avec l’histoire du Liberia et de la Sierra Leone en toile de fond, Kourouma décrit comment Birahima, un enfant-soldat, a perdu son innocence, s’est endurci voire déshumanisé auprès des « bandits » de guerre qui l’instrumentalisent.